Jehan-Rictus, poète-vagabond de Montmartre
Connaissez-vous Jehan-Rictus ? Pas encore ? Moi si !
En fait, je n'ai pas eu la chance de le rencontrer réellement. Puisqu'il est mort en 1933. Mais je crois que j'aurai bien aimé le rencontrer, et je suis sûr que cela aurait été réciproque ! Je l'aurais accompagné dans Montmartre. Quelle source d'inspiration aurait pu être un chien comme moi pour lui ! Vous imaginez ?
Non, pas vraiment je vois. Car vous ne savez toujours pas qui était Jehan-Rictus ? Aurai-je oublié de vous le dire ?
Jehan-Rictus s'appelait en fait Gabriel Randon de Saint Amand. Il est né à Boulogne-sur-Mer le 23 septembre 1867. C'était un poète français, connu pour ses œuvres composées en langage populaire. Vous voyez que l'on aurait pu bien s'entendre ! Même si nous avons chacun notre style !
L'enfance de Gabriel fut particulière. En fait, il ne fut reconnu ni par son père, ni par sa mère. Son père quittera définitivement rapidement le foyer commun, tandis que sa mère restera définitivement ... caractérielle ! La situation du petit Gabriel n'a donc pas été toujours très simple.
De fait Gabriel quitta l'école a 14 ans, pour devenir apprenti dans des maisons de commerce. À 17 ans, il quitta également ... sa mère. Avec laquelle il était en conflit permanent. Triste non ?
D'autant plus, que cela ne va pas s'arranger ! Incapable de se trouver un vrai métier, il se mit alors à fréquenter des artistes, mais aussi des anarchistes de Montmartre. C'est à cette époque qu'il écrivit ses premiers poèmes, dont quelques uns ont été publiés dans des revues de l'époque. Mais, sans un sous en poche, il se trouva comme compagnons les vagabonds de Paris.
L'idée lui vint alors de composer des poèmes où un clochard s'exprimerait dans le français populaire de l'époque. C'est ainsi qu'en novembre 1895, il débuta dans un cabaret de Montmartre. Sous le pseudonyme de Jehan-Rictus.
Il remporta dès lors un véritable succès dans ce métier de chansonnier, qui lui permettra enfin de vivre décemment. Et même de rencontrer Guillaume Appollinaire. Au Lapin Agile, si mes informations sont bonnes. Vous voyez que toutes mes histoires se terminent bien ! En général.
Son poème le plus connu, Le Revenant, raconte l'histoire d'un sans-abri qui croit rencontrer le Christ. Et c'est en 1897 que parut son premier recueil, Les Soliloques du pauvre.
Comme je suis un chien toujours aussi sympa, voici le début du poème "Le Revenant":
"Des fois je m’ dis, lorsque j’ charrie
À douète... à gauche et sans savoir
Ma pauv’ bidoche en mal d’espoir,
Et quand j’ vois qu’ j’ai pas l’ droit d’ m’asseoir
Ou d’ roupiller dessus l’ trottoir
Ou l’ macadam de « ma » Patrie,
Je m’ dis : — Tout d’ même, si qu’y r’viendrait !
Qui ça ?... Ben quoi ! Vous savez bien,
Eul’ l’ trimardeur galiléen,
L’ Rouquin au cœur pus grand qu’ la Vie !"
Original et particulier, non ?
En son hommage, a été créé en 1936 place des Abbesses, le square Jehan-Rictus. D'une superficie de 2 083 m2 (admirez ma precision habituelle !), il se trouve à l'emplacement du bâtiment qui abrita à partir de 1837 la mairie de l'ancienne commune de Montmartre.
Depuis 2000, le square Jehan-Rictus abrite le « Mur des je t'aime », œuvre de Frédérique Baron et de Claire Kito, dont je vous ai déjà parlé.
Et vous, saurez-vous retrouver le charme des poèmes de Jehan-Rictus ?
Bisous,
Apple.